Alors que je m’installe pour
écrire cet article, j’ai pour seuls spectateurs les chats du voisin. J’aime
bien les chats mais je les ai toujours trouvés un peu louches (j’avoue, je suis
plus du type chien). Avez-vous déjà remarqué à quel point ils nous observent?
Ils rôdent tranquillement autour de nous, sans gêne, et scrutent tous nos
mouvements avec leurs grands yeux. On dirait de véritables espions. Mais à la
solde de qui? Pour certains, aucune surprise si nous sommes inconfortables en
leur présence; ce sont des agents extra-terrestres venus nous épier en
l’attente de leur maîtres!
Les théories à ce sujet sont
variées mais selon celle-ci, les chats domestiques d’aujourd’hui seraient les
descendants d’une race très avancée de chats-humanoïdes extra-terrestres venus
nous visiter à l’époque de l’Égypte antique. Ils auraient aidé au développement
de la civilisation égyptienne qui en retour auraient montrés leur gratitude en
les vénérant en tant que dieux, tel Bastet et possiblement Aker. En repartant
dans leur monde, ils auraient laissé derrière eux les félins que nous connaissons
afin de nous protéger, nous surveiller et nous aider dans notre progression
spirituelle. Les chats auraient hérité de certains pouvoirs psychiques de leurs
ancêtres, tel la détection d’êtres inter-dimensionnels et la téléportation,
expliquant ainsi pourquoi les chats disparaissent autant sans raison apparente.
Aujourd’hui oubliés, le peuple d’hommes-chats tenterait de rappeler son
existence aux humains via des productions culturelles telle al comédie musicale
Cats ou encore le dessin animé ThunderCats.
Besoin d’un autre exemple?
Voici un article tiré d’Infos du monde :
Petit détail important à
souligner, Infos du Monde était le pendant francophone de Weekly World News,
pas vraiment reconnu pour l’exactitude de ces propos. Aujourd’hui c’est le genre
d’article que vous verriez sortir du Journal de Mourréal ou de La Pravda. Si
vous voulez explorer un peu plus sérieusement la question, je vous conseille
cet article de Vice où un journaliste s’est amusé à passer en revue différents
arguments en faveur de la théorie des chats extra-terrestres.
L’année dernière une autre
histoire de chat extra-terrestre a fait les manchettes, mais plus terre à terre
cette fois-ci. La chatte Matilda est devenue une petite vedette d’Instagram en
raison de ses énormes yeux, lui donnant l’air d’être venue des confins de
l’espace. Sa condition était en réalité liée à un problème génétique provoquant
une luxation de ses lentilles qui rendait également toute opération dangereuse
pour sa santé. Ses propriétaires ont donc décidé de laisse la nature aller,
tout en prenant des rendez-vous contant avec un ophtalmologiste afin de
s’assurer que Matilda ne souffre pas. Le glaucome, causé par le problème de
lentille, serait la raison du grossissement continu de ses yeux. Bien que très
mignonne, la pauvre est devenue aveugle en raison de sa condition. Devenus un
trop grand risque pour sa santé, Matilda a récemment dû recevoir une chirurgie
afin de lui retirer ses yeux mais se porterait bien malgré tout.
Si vous croisez un jour une
fusée avec un chat à bord, sachez également qu’il ne vient pas nécessairement
d’une autre planète. En 1963, en plein cœur de la course pour la conquête de
l’espace, les français tentaient d’étudier les effets du vol spatial sur les
êtres vivants. Ils ont envoyé donc une petite chatte du nom de Félicette en
orbite dans le but d’étudier les effets neurologiques d’un tel voyage.
Celle-ci, sélectionnée rigoureusement parmi un grand nombre de chats devint le
premier et seul chat à voyager dans l’espace. En provenance de la Terre, bien
entendu.
Plus étrange est cette histoire qui date de 2011. Des contrôleurs aériens de Russie affirmèrent avoir
identifié un ovni sur leur écran radar dans la région de Yakutsk. Comme on peut
voir sur la vidéo ci-dessous, l’ovni identifié par le point 00000 (car il
n’avait aucun numéro d’identification) se déplace beaucoup plus rapidement que
les autres points représentant des avions (la vitesse est estimée à environ
9650 km/h) et pouvait rapidement changer de direction. Encore plus troublant,
alors qu’il cherchait à communiquer avec l’ovni pour obtenir son
identification, le contrôleur aérien décrit avoir entendu « une voix
féminine, comme si une femme disait miaow-miaow sans arrêt »…
Qui sait, peut-être que les
félins-humanoïdes intersidéraux ont interprétés le voyage de Félicette comme
étant le signal qu’ils attendaient afin de revenir nous visiter?
Suite à la défaite du Japon
lors de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l’U.R.S.S. se partagèrent
la péninsule coréenne (qui était précédemment sous contrôle japonais) en ce qui
allait devenir la Corée du Nord et du Sud. Opposant par un simple parallèle
deux idéologies diamétralement opposées une future guerre était inévitable et
le conflit éclata en 1950 lors de l’invasion des forces du nord. Devant
affronter les Nord-Coréens ainsi que leurs alliés Soviétiques et Chinois, les
États-Unis se trouvèrent également confrontée à un ennemi plus sournois.
Plusieurs soldats devenus prisonniers reniaient l’idéologie américaine et
capitalisme à la radio soviétique moins de 48h après leur capture. Pire encore,
après leur libération, ils continuaient à promouvoir le communisme et
souhaitaient quitter les États-Unis au plus vite. La chose était claire pour la
C.I.A. : les rouges avaient développé une technique efficace de lavage de
cerveaux.
Il était impératif de
comprendre comment ils s’y prenaient et comment le faire mieux qu’eux. Une
large part du budget de la C.I.A. fut donc destinée au projet MK-Ultra qui
finançait les recherches de différentes universités afin de trouver comment
influencer et contrôler les esprits dans le but de faire oublier à un
prisonnier un interrogatoire, d’augmenter les capacités de perception des
soldats ou afin de de programmer un assassin latent pouvant être activé à
distance. Nécessitant des cobayes humains, on pigeait parmi les indésirables de
la société : drogués, prisonniers, prostituées, malades mentaux, etc. Le
tout s’effectuait sous différents prête-noms afin de ne pas attirer l’attention
sur le but réel derrière les bourses accordées. C’est ainsi que sous le nom de
la Society for the Investigation of Human Ecology, la C.I.A. s’est retrouvée à
financer les expériences du psychiatre Ewen Cameron, à la tête de l’Institut Allan Memorial à Montréal.
Institut Allan Memorial, anciennement connu sous le nom de Ravenscrag.
Il ne manque que l'éclair en arrière plan.
Fondé en 1944, l’Allan
Memorial se démarquait des autres institutions dédiées à la santé mentale de
l’époque par sa façon de traiter ses patients comme des invités et non des
prisonniers. Aucune porte n’était fermée à clé, les patients pouvaient
retourner dans leur famille après leur traitement, etc. Il était impératif pour
le processus de guérison que les patients soient volontaires. Son directeur, le
docteur Cameron, était une pointure internationale de la psychiatrie, tour à
tour président des associations psychiatriques américaine, canadienne et
mondiale. Lors des procès de Nuremberg, il était parmi ceux appelés à évaluer
l’état mental du nazi Rudolph Hess. Malgré tout cela, les ambitions du docteur
n’étaient pas comblées. Il souhaitait trouver un remède éclair et universel
pour la maladie mentale; comment réussir à effacer les comportements malades de
la psyché de ses patients et réussir d’y introduire de nouveaux raisonnements
plus sains et productifs? Bref, un projet sur mesure pour le MK-Ultra.
Session de "Psychic driving", tiré de:
« Psychiatrists develop beneficial
brainwashing »
Weekend Magazine, 1955
De 1957 à 1963, la C.I.A.
s’est donc retrouvée à financer le traitement expérimental de Cameron, qui avaient
débutées quelques années auparavant. Le traitement se divisait en deux étapes,
le pilotage psychique (psychic driving) et la déstructuration (depatterning). Inspiré
en partie par Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley, le pilotage psychique
consiste à une répétition en boucle de phrases provenant des patients
eux-mêmes, enregistrés lors d’une session avec le thérapeute, ou de phrases enregistrées
directement par ce dernier. Cameron a découvert qu’avec un nombre suffisamment
élevé de répétition, les mécanismes de défenses psychologique de ses patients
s’effaçaient permettant ainsi aux messages voulus de s’implanter plus facilement
dans le subconscient. Par exemple, il fit jouer en boucle à une dépressive un
extrait de sa séance où elle racontait que sa mère la menaçait de l’abandonner
plus jeune. Après 19 répétitions, la femme était agacée, s’entendre l’énervait
et elle se mettait à trembler légèrement. Après 39 répétions, elle en était à
supplier en hurlant que ça s’arrête mais après 45 répétitions elle éclata en
sanglot racontant son malaise avec les hommes, son inhabilité à s’affirmer et à
quel point elle enviait sa sœur depuis toujours. Pour Cameron, ce même résultat
aurait normalement pris des mois de consultations. Il peut être difficile de
croire que les diffusions en boucle du pilotage psychique peuvent avoir cet
effet mais on retrouve des principes similaires dans différentes religions afin
d’accéder à un état altéré de conscience.
Que ce soit le mantra des hindouistes et bouddhistes ou le dikhr des soufis musulmans, la répétition s’accompagne d’un état de transe permettant de
s’élever spirituellement. Les patients du Allan Memorial auraient-ils ressenti
des effets similaires?
Tiré de Mechanix Illustrated, 1958
Il était très difficile de
garder les patients en place lors de ces séances des plus désagréables. Sous le
prétexte de la nécessité du traitement, des casques de football munis
d’haut-parleurs furent attachés à la tête des patients, leur donnant
l’impression que les voix provenaient de l’intérieur. Encore une fois, le
désagrément était tel que les patients s’arrachaient le casque de la tête pour
le lancer au loin. En 1953, Cameron modifia un Cerebrophone, gadget proclamant
pouvoir enseigner de nouvelles langues en plein sommeil, afin de continuer les
séances de pilotage en pleine nuit dans une pièce nommée adéquatement « la
chambre de sommeil » (sleep room). Mais les nuits n’étant pas assez
longues, le sommeil des patients fut prolongé grâce à de la Thorazine, des barbituriques,
de l’insuline ou du curare afin que les sujets dorment en continu sur des
périodes de traitement allant de 6 semaines à 3 mois. Les sessions de pilotage
psychique, initialement de 30 minutes par semaine, augmentèrent alors jusqu’à
20 heures par jour.
Les Russes et les Chinois isolaient
leurs prisonniers afin d’en tirer davantage d’eux lors des interrogatoires.
Tout comme eux, Donald Hebb (un autre chercheur affilié à McGill, au
département de psychologie) découvrit que la privation sensorielle augmentait la
suggestibilité des sujets. Ses sujets d’expérimentation, des étudiants
volontaires de l’université, étaient isolés durant des heures en écoutant du « bruit
blanc » en continu. Ils ont par la suite décrit l’expérience comme une
torture; quelques heures après le début ils étaient incapable de maintenir le
fil de leurs pensées et certains ont décrit des hallucinations visuelles et
auditives. Dans une seconde partie de l’expérience, les chercheurs remplacèrent
le « bruit blanc » par une série de propagande ésotérique et
anti-évolutionniste, qui aurait normalement rebutée tout universitaire.
Cependant ceux-ci devenaient si avides de donnée sensorielle qu’ils donnaient
dorénavant de l’importance et de la crédibilité aux messages auxquels ils
étaient exposés, allant même à la bibliothèque chercher de livres sur la
transmission de pensée et les fantômes! Dans leur état de demi sommeil, ou état
hypnagogique, les patients du Allan Memorial se sont donc retrouvés dans un
état de privation sensorielle tel que leur personnalité, leur ego, s’est
progressivement dissout les laissant plus ouvert à la suggestion du pilotage
psychique.
Malgré toutes ces répétitions,
les nouveaux comportements suggérés aux patients se retrouvaient généralement
en conflit avec leur personnalité profonde. La solution serait donc d’effacer
cette personnalité première afin de laisser place à la nouvelle, et ce via la
déstructuration. En plus des drogues destinées au sommeil, on ajouta au
cocktail méthamphétamine, amobarbital sodique (sérum de vérité) et LSD afin de forcer
une désinhibition et d’accéder aux souvenirs et sentiments généralement
inaccessibles. Dans les années soixante, le psychiatre Stanislav Grof étudia
les propriétés thérapeutiques du LSD et dénota qu’un usager régulier de LSD
passait graduellement à travers trois stades. D’abord une euphorie, un sentiment
d’extase et de puissance suivi d’une descente aux enfers, expérience qui peut
être assez traumatisante chez certains. Cependant, ceux qui poursuivre leur
usage semblent atteindre un troisième état, une sorte de « renaissance »
où ils sentent leur personnalité se dissoudre, appartenant maintenant à un « Tout ».
Dans cet état, certains sujets disent accéder à leurs souvenirs les plus
profonds, régressant jusqu’au moment de leur naissance et même parfois plus
loin, à ce qu’on pourrait appeler leurs « vies antérieures ». Ceux
qui atteignent cet état voient généralement de grands changements à leur
personnalité : leur dépression et leur anxiété est réduite, ils sont
dorénavant plus en symbiose avec la nature, apprécient davantage l’art; bref
ils deviennent hippies. De récentes études suisses confirment cette réduction
de l’anxiété et proposent le LSD comme médication pour la dépression, les chocs
post-traumatiques et pour aider les patients en phase terminale afin d’apprivoiser
la mort. Les effets décrits sont même très similaires à ceux recherchés par
Cameron: « Les patients interrogés lors de l’étude font référence à une « déstructuration »
en terme de modèles physique, psychologiques et de pensée précédemment fixes,
conduisant à une plus grande relaxation, un calme imperturbable et une meilleure
acceptation de soi et de leur situation de base. » (traduction libre)
Zones du cerveau contribuant à la vision, avec et sans LSD
Aux drogues s’ajoutait un
traitement quotidien d’électrochocs constitué d’un choc initial de 150 volts
sur une durée d’une seconde suivis d’une répétition de 5 à 20 chocs de 100
volts, ce d’une à deux fois par jour. À titre comparatif, un traitement
habituel d’électrochocs se compose de chocs de 70 à 130 volts, d’une durée de
0.1 à 0.5 secondes, une fois par jour. Bien qu’encore aujourd’hui on ne
réussisse pas très bien à expliquer comment le processus fonctionne, il est
démontré qu’un traitement de cette force, utilisé surtout pour traiter la
dépression, peut causer une amnésie temporaire de quelques semaines, voire
possiblement permanente. Pour ce qui est des patients de l’Allan Memorial, on
rapporte une régression à un état mental de 4 ans accompagné d’une perte de
mémoire, d’une apathie générale et d’incontinence. Cet état se résorbait
généralement après une période de 7 à 10 jours mais les 2-3 mois précédant le
début du traitement étaient totalement effacés de la mémoire des sujets.
Cameron quitta l’Institut en
1964 et décéda 3 ans plus tard. Son traitement qui devait au départ s’appliquer
dans les cas de psychonévroses fut finalement testé au cours des années sur des
alcooliques, des déprimés, des schizophrènes et même une patiente qui se
plaignant de mal articulatoire fut diagnostiquée comme souffrant de douleurs psychosomatiques.
Bien que la Gazette eût décrit ses expériences dès 1957, le grand public ne
réalisa l’ampleur de la chose qu’en 1977 où suite à un article du New York
Times qui révéla au grand jour les dessous du MK-Ultra, le Congrès américain enquêta sur les pratique de la C.I.A. Suivirent ensuite une saga juridique où
des anciens patients de l’Institut dont la vie fut brisée par leur séjour
poursuivirent en justice la C.I.A. Après plus d’une décennie de procédures, les
victimes eurent gain de cause et suivit une nouvelle poursuite, cette fois
contre le gouvernement canadien. Ce dernier avait en effet pris le relais du
financement suite au retrait des américains…
Dans toute cette affaire, le
fait qu’on ait administré un traitement expérimental et cruel à des patients
sans leur consentement éclipsa un élément important du dossier. Au-delà du
manque d’éthique dans ses expérimentations, le docteur Cameron était-il sur une
quelconque piste quant à la découverte d’une technique de lavage de cerveaux?
Il ne s’agissait pas d’un amateur, mais d’une sommité de la psychiatrie à son
époque. Officiellement, les expériences financées par le MK-Ultra ne connurent
pas de succès. Cependant, en 1963, le psychologue et hypnotiseur George
Estabrooks avoua avoir créé des assassins à personnalité multiple. Cinq ans
plus tard, Robert F. Kennedy était assassiné par Sirhan Sirhan. Pour sa
défense, ce dernier clama qu’il était sous contrôle hypnotique lors de l’assassinat. Si l’histoire vous dit quelque chose, c’est probablement à cause
de sa similitude avec The Manchurian
Candidate, roman de Richard Condon adapté au cinéma en 1962 et 2004.
Après pratiquement 50 ans
derrière les barreaux, Sirhan maintenait toujours sa version des faits lors de
sa dernière comparution pour libération conditionnelle le 10 février dernier.
Paul Shrade, qui fut blessé par balle lors de l’assassinat, était même là pour défendre la théorie du prisonnier en soutenant qu’il est victime d’une
conspiration et qu’il devait y avoir un second tireur d’impliqué. La demande
fut rejetée et la prochaine audience est prévue pour 2021. Pour les tenants de
la théorie du complot, une chose est sûre : au-delà des drogues, des
électrochocs et des répétitions en boucle, rien n’efface mieux la mémoire que
le temps.
Chaque année, lorsque le
printemps pointe le bout de son nez et que le beau temps revient, il n’est pas
long que les adeptes de la moto s’empressent d’enfourcher leur monture de fer
afin de parcourir les routes. En ce début de saison, il est donc important de
se rappeler les consignes de sécurité afin de ne pas partir pour un plus long
voyage encore. Tant qu’à être prudent, pourquoi ne pas également demander un
peu de protection divine?
Le 28 mai dernier avait lieu à
l’Oratoire Saint-Joseph la 36e édition de la bénédiction annuelle
des motocyclistes. Tous rassemblées sur son large stationnement, les membres de
diverses associations de motocyclistes se côtoyaient, admirant les motos de
leur semblable tout en attendant la venue des prêtres. L’événement est organisé
par Moto Internationale, un important concessionnaire de la ville, mais peu de
gens savent qu’ils sont appuyés dans leur démarche par un club de moto bien
particulier, les Widow’s Sons, formé entièrement de francs-maçons.
Membre des Widow's Sons ayant
la franc-maçonnerie dans la peau
Pour faire une longue histoire
courte, la franc-maçonnerie est une confrérie officiellement présente depuis
1717 mais certains remontent sa source à l’ordre médiévale des Templiers ou
même aux cultes à mystère de l’Antiquité. Au Québec, la confrérie y est
présente depuis les débuts de la colonie; Wolfe et Montcalm auraient été francs-maçons
selon la légende. D’abord présente au sein des régiments militaires, des loges
(regroupements) sont ensuite apparues dans la communauté marchande et ainsi de
suite. Plusieurs versions différentes de la confrérie existent mais l’une des
plus importante ici est la franc-maçonnerie dite « régulière »
représentée par la Grande Loge du Québec. Leur but est de suivre le plus
fidèlement possible les règles établies lors de la fondation de leur maison
mère, la Grande Loge Unie d’Angleterre. Cela dit, au sein de cette organisation se
trouve plusieurs embranchements des plus diversifiés. Certains ordres préfèrent
suivre les enseignements des Rosicruciens ou des Égyptiens mais nous retrouvons
également les Shriners, qui sont derrière le cirque du même nom et l’hôpital Shriners pour enfants, ainsi que les Widow’s Sons pour les fans de motos.
Ces motards sont
reconnaissables par leur insigne incluant plusieurs symboles, telle que la
pyramide symbolisant l’ascension et les 3 degrés maçonniques, le soleil à son
sommet pour la quête d’illumination, l’œil au centre afin de représenter le
regard constant du Grand Architecte de l’Univers et les ailes pour la quête de
liberté. Leur nom, signifiant « Fils de la Veuve » se réfère à l’une des
légendes fondatrices de la franc-maçonnerie, celle du meurtre d’Hiram Abiff,
architecte du Temple de Salomon assassiné pour avoir refusé de révéler ses
secrets à des ouvriers jaloux. Hiram était également surnommé le « fils de
la veuve », ayant comme mère une veuve de la tribu de Nephthali, l’une des
12 tribus d’Israël. Les francs-maçons poursuivant l’œuvre d’Hiram, ont donc
reprit son surnom.
L’association du club de
motards avec la veuve va cependant plus loin. Comme me l’explique le Maître
Maçon Wayne Houlzed, membre des Widow’s Sons, leur club a pour mission de
prendre soin des veuves et des orphelins de leurs frères maçons. Les temps
étant moins durs qu’au début de la maçonnerie, l’argent amassé par les différentes
levées de fond auxquelles ils participent se voit redistribuée afin de prendre
soin des enfants en général. Beaucoup de membres du chapitre québécois étant
également Shriners, les fonds sont souvent donnés à l’hôpital Shriners pour enfants de
Montréal. Lors de la journée de bénédiction, un jeune garçon originaire du
Ghana présentement traité à Montréal rappelait aux motards de toute horizon l’importance
de donner généreusement. Ces derniers ont pu le faire en participant à un
moitié-moitié et une collecte de jouets, le tout organisé par les Widow’s Sons.
C’est probablement grâce à de
tels gestes de charité qu’un événement organisé par francs-maçons puisse
aujourd’hui avoir lieu sur le terrain de l’Oratoire St-Joseph. En effet la
relation entre l’Église Catholique et la confrérie n’a pas toujours été très
bonne au siècle dernier, les maçons ayant milités pour une séparation de l’Église
et de l’État. Le climat social est maintenant bien différent et tel que l’explique
Patrick Vézina, vice-recteur à la pastorale, l’Oratoire est un lieu ouvert à
tous peu importe les croyances. De tels événements telle qu’une bénédiction des
motocyclistes n’a rien d’étranger pour lui; quelques semaines plus tôt avait
lieu une bénédiction spéciale pour les propriétaires de voitures Mustang! Bien
qu’une bénédiction générale s’adressant à tous et ne prenant que quelques
minutes serait efficace spirituellement parlant, Monsieur Vézina et d’autres
membres du clergé prennent toutefois le temps de passer entre les rangées de motos afin de les bénir individuellement ainsi que leur propriétaires Il explique
que ce service personnalisé est demandé par la population, qu’elle a besoin de
concret, de symboles qui laissent une certaine trace telle que l’eau bénite
trempant encore leur moto lors de leur départ du stationnement.
Patrick Vézina effectuant une bénédiction
En espérant que les effets de
la bénédiction ne s’évaporent pas aussi vite que l’eau, souhaitons une bonne
saison de moto à tous, qu’ils parcourent la route dans le but de poursuivre la
construction de leur Temple mystique ou uniquement afin de profiter du beau
temps.
Le 18 mai dernier s’ouvrait
l’édition 2016 de l’Expo-sciences pancanadienne au complexe athlétique de
l’université McGill. Pendant trois jours, plus de 500 futurs savants du pays
compétitionnent pour plus de 1 000 000$ en bourses d’études. Parmi
les jeunes scientifiques qui présentent leurs recherches allant de l’impact du crachat sur le taux de glycémie dans le sang à la création d’un bracelet
permettant aux non-voyants de se déplacer via écholocation, un participant sort
du lot. Bien que l’exposition ne débute qu’à 10h, certains depuis plus d’une
heure, vêtus d’un poncho pour l’occasion, devant le kiosque vide de la nouvelle
coqueluche controversée de l’univers scientifique québécois : William
Gadoury.
La nouvelle publiée par le Journal de Montréal il y a une dizaine de jours indiquant qu’il aurait
découvert un citée maya perdue en s’appuyant sur une corrélation jusqu’ici
inconnue entre le positionnement des constellations mayas et l’emplacement de
leurs cités a depuis fait le tour de la planète. Les médias se l’arrachent au
point tel que les organisateurs de l’événement avertissent les fans du jeune
homme qu’il risque d’être absent pour toute la journée. Puis soudainement, se
déplaçant au sein d’un troupeau de micros et de caméras, il arrive. L’attention
est tellement captée par le jeune prodige de l’astronomie que peu remarquent
qu’au même instant, à quelques pas de là, défile Chris Hadfield quasi
anonymement.
C’est en s’intéressant aux
supposées prophéties de fin du monde de 2012 que le jeune William attrape la
piqure pour les Mayas. Il y découvre un peuple complexe ayant un penchant pour
l’astronomie. Trouvant étrange le positionnement de leurs citées (loin des
points d’eau, au sommet de montagnes, en terres peu fertiles), il se demande
s’il n’y aurait pas un lien avec les astres. Il se décide alors de contacter
l’Agence spatiale canadienne afin d’obtenir des cartes des étoiles surplombant
le ciel de la région et découvre en 2014, du haut de ses treize ans, une
corrélation quasi parfaite entre le positionnement des citées et leur
alignement vis-à-vis les constellations. Selon William, plus l’étoile associée
est brillante, plus son vis-à-vis terrestre avait de l’importance. Et ça ne
s’arrête pas là, sa théorie s’appliquerait également à d’autres civilisations
précolombiennes telles que les Aztèques et les Incas mais également aux
civilisations harappéennes dans les régions de l’Inde et du Pakistan. Comment
est-ce possible? William en a aucune idée, une découverte à la fois…
Ce n’est cependant pas la
première fois qu’une théorie similaire voit le jour. En fait, un champ d’étude
complet se consacre à l’étude du lien entre les corps célestes et les vestiges
des anciennes civilisations : l’archéoastronomie. Les sujets d’études vont
du rapport qu’entretient le site de Stonehenge avec les équinoxes qu’à
l’alignement des pyramides d’Égypte avec les points cardinaux. Une des théories
à propos des pyramides est qu’il existerait une corrélation entre le
positionnement des célèbres pyramides de Gizeh et les étoiles composant le
Baudrier d’Orion. Comme nous le verrons sous peu, cette constellation joue un
rôle crucial dans la découverte de William.
Mais tout d’abord :
comment est-ce possible que des civilisations aussi éloignées que celles
d’Égypte et d’Amérique centrale partagent un intérêt pour les mêmes
constellations issues de la culture greco-romaine? Bien que les représentations
mythologiques des constellations varient d’une culture à l’autre, les étoiles
qui les composent restent les mêmes. Une importance particulière est souvent
portée aux étoiles suivant certains axes célestes. Notre zodiaque est basé sur
les constellations suivant l’écliptique (trajectoire du soleil dans le ciel du
point de vue de la Terre), alors que d’autres civilisations posèrent davantage
leur regard sur celles suivant l’équateur céleste ou la Voie lactée, comme ce
fut le cas pour les Mayas qui y voyaient la représentation du tronc de l’Arbre
de Vie de leurs mythes.
Glyphe représentant la
Tortue et les 3 pierres
Pour en revenir à William, une
chose clochait cependant : un trou se dessinait dans ses tracés célestes. Afin
de compléter les liaisons qui pour nous forment Orion, il manquait une cité
pour associer à l’étoile Saïph et ainsi clore le triangle formé avec les
étoiles Rigel et Alnitak à l’intérieur duquel apparaît la nébuleuse d’Orion. Pour
les Mayas, ces étoiles font partie de la constellation de la Tortue et les
trois étoiles en question représentent les « ox tun », trois pierres qui
soutiendraient le monde selon la légende, la nébuleuse en son centre
représentant le feu cosmique créateur. Cette représentation se trouvaient
également dans les habitations mayas où trois pierres posées dans le foyer
soutenaient la plaque à tortilla, le tout installé au centre de la demeure,
microcosme de l’univers. On associe également aux trois pierres la
particularité des pyramides dites « en triade », où la pyramide
principale est surmontée de trois autres structures. L’exemple le plus
grandiose se trouve au sommet du Complexe Tigre, dans la cité d’El Mirador. Il
s’agit d’ailleurs de l’une des citées qui viendrait compléter le triangle de la
constellation (l’autre étant Calakmul). Coïncidence?
Bref, il manquait une cité pour
associer à Saïph mais qu’à cela ne tienne. Calculant la position que lui indique
sa théorie et accédant à des images satellites via Google Earth, l’Agence
spatiale canadienne, l’Agence spatiale japonaise et la NASA, il croit déceler
la pièce manquante du puzzle. Un récent feu de forêt dans la région semble mettre
à jour des formes géométriques non naturelles. Demandant l’avis du Dr. Armand
LaRocque, spécialiste en télédétection à l’Université du Nouveau-Brunswick, William
reçoit la grande nouvelle : on semble effectivement y apercevoir une
pyramide et une trentaine de structures, ce qui l’en ferait l’une des plus
importantes cités mayas découvertes à ce jour. Comme tout grand explorateur,
William baptise sa découverte. Il la nomme K’àak’ Chi’ soit Bouche de feu en
l’honneur du foyer créateur légendaire.
La nouvelle n’est pas sans
créer de remous. Tant que ses recherches ne seront pas publiées par une revue
scientifique et qu’une équipe ne se rendra pas sur place afin de confirmer sa
théorie, la communauté scientifique aura du mal à avaler qu’un important secret
de la civilisation maya se trouvait tout juste au-dessus de leur tête.
Cependant ce n’est qu’une question de temps car plusieurs revues scientifiques
l’auraient déjà approché afin qu’il démontre en plus de détails sa théorie au
reste de la planète. De même, pendant les courts moments que nous avons passés
ensemble une productrice de la Colombie-Britannique lui dévoilait son intérêt
de financer l’expédition de William afin de tourner un documentaire.
Au printemps dernier, la justice a tranché. Aux yeux de la Cour
supérieure du Québec, une focaccia est légalement une pizza. Qu’est-ce qui a
bien pu amener notre système judicaire d’ajouter cette décision à son menu? Un
conflit entre les franchises Mikes et Trattoria Tevere situées dans la foire alimentaire du Complexe Desjardins à Montréal. Voici les détails croustillants.
Être ou ne pas être une pizza, là est la question
Installé depuis 2005 au Complexe Desjardins, Chawky Abdallah dû s’affilier
à une franchise afin de suivre les règles des propriétaires de l’établissement
et s’associa donc à la chaîne Trattoria Tevere, reconnue pour ses spécialités
italiennes, en février 2015. À son menu, des foccacias avec différentes
garnitures, dont une appelée foccacia-pizza. Ce qu’il ignorait cependant, est
que son voisin Mikes avait signé en 2004 un bail de 15 ans avec le Complexe incluant
une clause d’exclusivité sur la vente de pizzas.
L’affaire alla donc devant les tribunaux. Pour le maître Marco Vitale,
qui assura la défense de la Trattoria Tevere et qui représente régulièrement
des restaurateurs, c’était la première fois qu’il devait argumenter sur la
définition légale d’un met. Il appela donc à la barre des témoins les experts
en définition : les dictionnaires. Une pizza a une pâte pétrie, arrondie,
travaillée avec une technique propre, alors qu’un focaccia est généralement un
pain constitué d’une base d’huile d’olive. Malgré cela, le 9 mars 2015, l’honorable
juge Pierre Labelle indiqua que :
« Dans la mesure où la focaccia constitue une base de pain recevant des
garnitures, elle possède les attributs d’une pizza, a ajouté le juge. Trattoria
Tevere vend des pizzas [...] sous d’autres vocables. »
Il est effectivement difficile d’argumenter contre le fait qu’une « foccacia-pizza »
a les attributs d’une pizza, mais ce n’est pas ce qui est souligné dans le jugement
ci-haut : Base de pain avec garniture = pizza. Quel précédent un tel jugement peut-il constituer? Est-ce qu’aux yeux de
la loi, une lahmadjoune est une pizza? Et une tourte? Un sous-marin? Ma tranche
de beurre de pinottes?
Nous ne sommes pas le seul endroit à se poser la question au point tel
que les juges s’en mêlent. Chez nos voisins du sud, le juge de la Cour Suprême
Antonin Scalia (originaire de Queens, New York) a déjà prononcé que ce qu’on
appelle la « Deep Dish Pizza » ou « Pizza style Chicago » (où
la pâte est d’abord couverte de fromage puis d’une immense quantité de sauce
tomate et ensuite cuite dans une poêle) n’est pas réellement une pizza.
Cela inspira une délicieuse montée de lait à l’animateur du Daily Show Jon
Stewart.
La pizza a une si grande place dans l’alimentation américaine qu’elle est considérée comme un légume. En fait, il s’agit plutôt de la
sauce tomate qui entre dans la catégorie des légumes : un huitième de
tasse équivaut à une demie tasse de légumes frais. Les deux cuillères à soupes
présentes dans la sauce à pizza en font donc une portion de légumes.
Qu’elle que soit sa définition aux yeux des juristes, la décision du
tribunal a laissé un goût amer à Monsieur Abdallah. Bien qu’il puisse continuer
à vendre des focaccias tant qu’elles ne contiennent pas de fromage ni de sauce
tomate (donc moins nutritives pour les touristes américains), son chiffre d’affaire
a baissé de 45 à 50% environ. Après des dépenses de 250 000$ afin de tout
changer son affichage et une récente hausse de loyer de 3000$, il n’a plus les
moyens de payer pour les frais légaux qui lui permettraient de défendre sa
cause davantage. La prochaine fois que vous passez par-là, achetez-lui donc une
focaccia, ça va aider à la digestion.
« Êtes-vous jamais allé
jusqu’au Fort des Prêtres à la montagne? Vous êtes-vous enfoncé quelquefois
dans les sombres taillis qui bordent au sud-ouest la montée qui conduit à la
Côte des Neiges? Et si vous avez été un tant soit peu curieux d’examiner les
sites pittoresques, les vallées qui s’étendent jeunes et fleuries sous vos
yeux, les rocs qui parfois s’élèvent menaçants au-dessus de vos têtes; vous
n’êtes pas sans avoir vu comme une tache blanchâtre qui apparaît au loin, à
gauche, sur le fond vert d’un des flancs de la montagne. Eh bien, cette tache
qui de loin vous semble comme un point, c’est une petite tour à forme gothique,
aux souvenirs sinistres et sombres, pour celui qui connaît la scène d’horreur
dont elle a été le théâtre. »
Ainsi débute le récit de La Tour
de Trafalgar, de l’auteur Georges Boucher de Boucherville. Publié en 1835,
plusieurs le considèrent comme le premier exemple de nouvelle fantastique
canadienne-française. Dans le récit en question, l’auteur raconte à la première
personne sa mésaventure alors qu’étant parti chasser sur le Mont-Royal, il est
surpris par un orage et doit se réfugier dans les ruines d’une tour décrépie.
Après avoir d’abord senti un courant froid sur son visage puis entendu des
bruits de pas provenant de la cave, il voit du sang apparaître sur les murs
puis sent une main fantomatique se presser sur sa gorge. Prenant la fuite, il
se réfugie ensuite dans la cabane d’un homme qui lui raconte l’histoire
derrière ce lieu sinistre : La tour était le lieu de rencontre d’un jeune
couple, Léocadie et Joseph, où ils connurent la mort aux mains d’un ancien
prétendant de Léocadie devenu fou de jalousie. La fin de la nouvelle reste
ambigu, sous-entendant que l’homme de la cabane connaît ces détails puisqu’il
est le meurtrier en question.
Les aventures relatées ne peuvent
pas être réellement arrivées à l’auteur puisqu’ayant vingt ans lors de la
publication de la nouvelle, le récit du chasseur se déroule quelques décennies
plus tôt. Par contre, aurait-il mis par écrit une légende orale déjà existante?
Photographie par Edgar Gariépy
Source BANQ
La tour comme telle exista
réellement. Le marchand de fourrure John Ogilvy la fit construire sur l’une de
ses terres en 1806, afin de commémorer la victoire de l’amiral Horatio Nelson
lors de la bataille navale de Trafalgar le 21 octobre de l’année précédente. Ogilvy
vouait une telle dévotion à Horatio Nelson qu’il est également derrière
l’érection de la colonne Nelson à la place Jacques-Cartier. On pourrait croire
que cette célébration d’une victoire anglaise était mal perçue à l’époque chez
la population francophone mais c’est plutôt le contraire. Les
Canadiens-français de l’époque n’étaient pas tous favorables à la Révolution
française s’étant déroulée quelques années plus tôt et se réjouissaient de la
destruction de la flotte de Napoléon.
La tour, de style gothique, prit
donc le nom de Trafalgar et chaque année à l’anniversaire de la victoire, quelques
coups de canon pouvaient s’y faire entendre. Ogilvy est décédé en 1819, la tour
était donc à l’abandon lors de la parution de la nouvelle de Boucher de
Boucherville. Le terrain serait acheté l’année même de la parution de la
nouvelle, coïncidence ou résultat du succès de l’oeuvre? En 1846, on tenta
d’utiliser le terrain afin de bâtir un cimetière, mais lorsqu’il fut décidé que
ce qui devint le Cimetière Mont-Royal était un meilleur site en 1852, le projet
fut abandonné laissant sur place plusieurs dépouilles. Aucune surprise donc que
les futurs résidants disent avoir entendu des bruits de pas étranges et en ont
déduits que la tour était hantée. Plusieurs témoignages en font part, entre
autres en 1880 et 1890. En 1925, l’archiviste Édouard-Zotique Massicote et son
photographe Edgar Gariépy, sur place pour photographier la tour, se joindront à la liste de témoins. Ils racontent avoir entendus d'étranges bruits de pas inexplicables accompagnés d'un courant d'air frais...
La tour est maintenant remplacée
par une résidence privée, mais la rue porte toujours les traces de ses origines,
Trafalgar-Heights. Cette découverte provient de Guillaume Saint-Jean, tel qu'en témoigne cet article du Devoir. En découvrant la photo d’une Tour en
ruine uniquement identifiée Trafalgar, il découvrit ensuite la légende et
réussit à localiser l’endroit grâce à la carte ci-dessous. La tour y est indiqué en haut à droite, près de la falaise.
Extrait d'un plan d'assurance de 1926
En superposant une carte actuelle à celle de l'époque, il put rencontrer les propriétaires actuels et effectuer le montage photo ci-dessous. Si vous souhaitez voir davantage de ce type de montage de photo historiques, je vous invite à visiter Montréal Avant-Après, projet que Monsieur Saint-Jean dirige depuis 2006.
Site de la tour style Avant-Après
Gracieuseté de Guillaume Saint-Jean
Le cimetière ayant débuté sa
construction après la parution de la nouvelle de Boucher de Boucherville, il ne
peut être exclusivement à l’origine du folklore hanté du lieu. Qu’en est-il de
Léocadie et Joseph? Difficile de dire si cette histoire du début de la colonie
à un fond de vérité, mais une autre histoire de double meurtre, cette fois bien
documentée, vient teinter la légende.
Au début du récit, alors que le
chasseur se rend dans les bois, il croise sur son chemin « la Croix Rouge,
à laquelle se rattache le souvenir de l’exécrable Béliste ». Le Béliste en
question est en fait Jean-Baptiste Goyer dit Bélisle, accusé du meurtre de Jean Favre et Marie Anne Bastien dans la nuit du 13 au 14 mai 1752. Bélisle fut
soumis au supplice de la roue, l’un des pires du Régime français; couché en
croix, tous les membres du corps sont broyés vif à coup de barre de fer. Le
corps disloqué est ensuite étendu sur une roue soutenue par un poteau où le
criminel attend la mort en regardant le ciel. Les meurtriers ne pouvant à
l’époque être enterrés en terre sainte au cimetière de la paroisse, il fut
enterré à une croisé des chemins qui correspond à René-Lévesque et Guy
aujourd’hui. La Croix Rouge en question était un avertissement aux citoyens
afin qu’ils se souviennent des conséquences d’un tel acte.
Acte d'inhumation de Jean Favre et Marie Bastien
Gracieuseté Archives de la Basilique Notre-Dame
Le terrain sur lequel la croix
rouge était érigée appartenait alors aux prêtres Sulpiciens, qui vendirent en
1861 le terrain aux Sœurs Grise de Montréal. La croix originale étant en pin, elle
avait une durée de vie d’environ 20 ans, mais elle fut entretenue et remplacée
par de nouvelles croix jusqu’en 1948 où un Calvaire composé de trois
personnages et une nouvelle croix en marbre furent installés. En 2002, des descendant de Marie
Anne Bastien provenant du Michigan firent ajouter au pied de la croix une
plaque commémorative en souvenir du couple assassiné.
Ce qui était d’abord la sépulture d'un meurtrier ainsi qu'un rappel au public de son châtiment s’est donc transformé avec le temps en hommage à ses victimes. De même, ce qui était à l'origine le site commémoratif d'une bataille navale a évolué en lieu de hantise dans une nouvelle littéraire, hantise de moins en moins fictive avec les années si l'on se fie aux témoignages...