dimanche 27 juillet 2014

Les Petits Hommes verts de la Petite-Patrie

Les ovnis. On a souvent l'impression que les extra-terrestres ne font leur tourisme que dans les champs et prairies de ce monde. Après le silence sidéral, la tranquilité de la campagne doit aiser la transition avec une nouvelle civilisation, bien que primitive. Il est par contre surprenant d'apprendre que les villes et métropoles ne sont pas en reste. Seulement à Montréal, des dizaines de cas sont rapportés chaque années.

Il ne faut cependant pas crier aux Martiens trop facilement. Un OVNI reste un Objet Volant Non Identifié bien avant tout. L'hypothèse qu'il s'agisse de voyageurs extraterrestre n'est qu'une parmi tant d'autres. Certains y voient plutôt des engins militaires secrets, des visiteurs d'une autre dimension, voir des esprits farceurs qui prennent l'apparence de soucoupes pour créer la confusion parmi nous.

Pour démontrer la fréquence des apparitions urbaines, j'ai décidé de me concentrer sur un seul quartier de Montréal, Rosemont-Petite-Patrie, afin d'explorer certains signalements récents de même qu'un cas célèbre dans le monde ufologique québécois.

Sur le site de l'Association Québécoise d'Ufologie, (AQU), on peut entre autre lire deux témoignages récents rapportant des lueurs étranges dans le ciel du quartier. Un homme raconte que le 23 février dernier il apperçut deux lumières clignotantes, l'une rouge et l'autre bleu, se déplacer vers l'ouest. Le tout semblait être un avion jusqu'au moment où les lueurs se mirent à faire différents zigzags dans le ciel, pour ensuite s'élever en altitude pour redescendre après quelques instants. Le témoin alla alors chercher sa conjointe qui affirme également avoir vu les lumières faire leur étrange ballet chaotique dans le ciel, allant dans tous les sens et devenant stationnaires de temps à autres. Ce n'est que lorsqu'un avion a traversé le ciel dans sa direction que les lumières disparurent en direction nord-ouest. Le tout aura duré une dizaine de minutes. 

Un autre témoignage, datant du 13 octobre 2013, fait mention de cinq lueurs oranges et silencieuses volant en formation, tel un vol d'oiseau. La photo ci-contre tirée du site latest-ufo-sightings.net fut prise à Montréal à la même date. S'agit-il du même ovni? Difficile à dire, car ces témoignages sont pratiquement les seules traces des ces événements. Denis Boily, directeur de la région de Montréal pour l'AQU affirme que le nombre de signalement du genre est si élevé, que l'association ne peut malheureusement pas enquêter sur tous les cas. L'ovni n'ayant laissé aucune trace, la formation a but non lucratif active depuis une vingtaine d'années ne peut faire autre chose que recueillir le témoignage du témoin dans un cas semblable. L'AQU organise également des soupers à chaque mois ouverts à tous les passionnés d'ufologie leur permettant d'échanger sur leurs enquêtes respectives et effectue à l'occasion des soirées d'observation en campagne, afin de dénicher de possibles ovnis. 

Lors de l'hiver 2012-2013, un homme déclare avoir vu de son balcon une soucoupe de 3-4 mètres projetant des faisceux lumineux roses, bleus et blanc. Fait encore plus étrange, le témoin rapporte n'avoir accordé que très peu attention à l'engin, et d'être retourné écouter la télé comme si tout était normal. Une heure plus tard, l'engin était toujours sur place et c'est alors que le témoin décida d'aller se coucher! Selon Yann Vadnais qui dirige le Groupe d'Assistance et de Recherche sur les Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés (GARPAN) et qui recueillit ce témoignage, ce genre de réaction quoique surprenante n'est pas inhabituelle dans les cas d'observation d'ovnis. L'état de choc des observateurs ou un certain "effet secondaire" du phénomène ayant une influence sur la perception des témoins pourraient être la cause du "blocage mental" décrit dans ce cas. Vous pouvez lire la déclaration écrite du témoin sur le site du GARPAN.

Reconstitution à partir d'un croquis du témoin, gracieuseté du GARPAN

Je vous invite d'ailleurs à explorer davantage ce site. C'est après avoir évolué pendant quelques années au sein d'une autre organisation ufologique, Ovni-Alerte, que Yann Vadnais décida de créer le GARPAN afin d'être à l'écoute des gens ayant observés des phénomènes qu'ils peinent à expliquer. Voulant proposer une approche différente de ce qui se fait généralement en ufologie, le GARPAN met en ligne de nombreux vidéos laissant toute la place aux déclarations des témoins, à leur reconstitution des événement auquelle le GARPAN ajoute une aide visuelle grâce à l'infographie et la géolocalisation. Voici d'ailleurs l'une de ces vidéos traitant d'un autre cas obervé dans le quartier, cette fois le 5 mai 2013.

Maintenant dans sa troisième année d'existence, le GARPAN compte une bonne dizaine de collaborateurs qui enquêtent sur les cas qui sont rapportés chaque semaines. L'organisation offre également à Québec une formation de 45 heures en ufologie qui laisse grande place à la pratique, que se soit en participant à l'entrevue de témoins ou en enquêtant sur une simulation de Rencontre Rapprochée du Deuxième Type (phénomène ayant laissé une trace physique sur son environnement). 

Le cas le plus célèbre associé au quartier Rosemont-Petite-Patrie est probablement l'observation rapportée par Madame Florida Malboeuf le 6 janvier 1977. Résidant alors au 6420 Casgrain, la femme de 58 ans observit de sa fenêtre vers 1h30 du matin ce qui semblable être "une grosse huître" de couleur grise munie de phares blancs sur sa base et d'environ 15 pieds de diamètre atterrir sur un toit de l'autre côté de la rue. Selon ce qui fut rapporté par les médias de l'époque, il s'agirait du 6399, mais d'autres sources indiquent qu'il s'agit plutôt du 6451.

Vue approximative à partir de la fenêtre du 6420 Casgrain. L'immeuble jaune est le 6399.

Quelques instants plus tard, deux humanoïdes d'environ 6'5'' et aux long bras sortirent de la base de l'engin. Ces derniers auraient été vêtus d'un costume pâle très serré et sans ceinture, et de casques semblables à des bonnets de bain. De par leur démarche, Mme Malboeuf estima qu'ils devaient peser environ 25 livres. Ils s'approchèrent du bord du toit afin de regarder les alentours, puis retournèrent à leur vaisseau qui décolla peu de temps après et se dirigea vers la rue Bellechasse au sud. Selon l'observatrice, toute cette séquence d’événements dura environ une minute, durant laquelle le chien du voisin aboya sans arrêt.

Selon des informations obtenues par Yann Vadnais du GARPAN, l'immeuble sur lequel l'engin s'est posée aurait été complètement vide lors de l'événement, ce qui l’amène à émettre l'hypothèse que l'immeuble fut volontairement choisi comme lieu d’atterrissage pour cette raison. Peut-être les humanoïdes avaient-ils une technologie quelconque leur ayant permis d'observer à travers les murs des logements?

Quelques heures plus tard, après qu'elle en eu discuté avec son fils André, ce dernier monta sur le toit en question et y découvrit un cercle de neige fondue de 15-20 pieds. La base du cercle était composée d'une mince couche de neige surmontée d'une couche de glace, indiquant que la source de chaleur ayant causé la fonte venait du dessus et non du dessous du toit.
Photo de Gilles Lafrance parue dans le Journal de Montréal du 9/01/77

Ayant contacté l'aéroport de Dorval pour signaler l'observation de sa mère il découvrit qu'elle n'était pas seule; trois autres témoins affirmèrent avoir vu quelque chose se déplacer au-dessus de la station de métro Rosemont. Paul Dubeau, un mécanicien travaillant à l'aéroport Dorval, indique également avoir été témoin d'un objet volant plus tôt le soir de l'événement. L'objet aux lumières rouges et blanches clignotant irrégulièrement se trouvait à environ 40 000' d'altitude et se déplaça du nord au sud pour ensuite descendre à mi-chemin et disparaître environ au sud du Parc Jarry.

Quelques jours plus tard, lorsque des ufologues se rendirent sur place pour enquêter, on aurait également découvert des traces de pas de 6" de long et 1.7" de large dans la couche de glace, liant ainsi ces traces à l’événement ayant causé la fonte du grand cercle. Il y aurait également eu une solution mauve près des traces. Celle-ci était soluble à l'eau, mais l'échantillon était trop faible pour une analyse plus poussée. Pour en savoir davantage, vous pouvez lire la couverture qu'en fit le Petit Journal en 1977 ainsi qu'écouter le témoignage de Madame Malboeuf et son fils accordé à Richard Glenn. Vous trouverez également sur cette page des croquis de l'engin et des humanoïdes.

Y a-t-il un lien entre toutes ces histoires? Décrivent-elles un même phénomène s'étant répété à travers le temps ou bien les témoignages rapportés trouvent-ils leur source dans divers phénomènes naturels, vols d'avions ou hallucinations? Peut-être bien que Rosemont-Petite-Patrie est devenu un quartier si populaire, qu'il attire maintenant des locataires des quatre coins de l'espace. Si c'est le cas, cela expliquerait pourquoi le prix des condos atteint des sommets astronomiques...

jeudi 3 juillet 2014

Amazone.qc

Dernièrement, de jeunes héros ont fait les manchettes, que ce soit pour avoir permis de retrouver un bébé kidnappé, ou pour avoir sauvé une fillette de l'attaque d'un essaim de guêpes. L'inspiration m'est alors venu d'explorer davantage l'histoire de l'une de nos plus célèbre héroïne, Madeleine de Verchères.

Marie-Madeleine Jarret de Verchères est née le 3 mars 1678 de Marie Perrot et François-Xavier Jarret de Verchères, seigneur de Verchères. La seigneurie est près du point de rencontre entre la rivière Richelieu et le fleuve Saint-Laurent, un lieu de passage important pour les Amérindiens. La région est donc régulièrement une zone d'affrontements entre colons et Iroquois. Deux frères ainés de Madeleine, de même que deux maris de sa soeur furent tués lors de ces confrontations. Madeleine avait déjà eu l'occasion d'admirer le courage de sa mère, qui en 1690 dû défendre le fort de la seigneurie pendant deux jours en l’absence de son mari, avec l'aide de quelques hommes seulement.

Deux ans plus tard, Madeleine a 14 ans et est devenue l'ainée de la famille. Le 22 octobre, alors que sa mère est à Montréal et son père à Québec, elle eut à son tour à défendre le fort d'une attaque iroquoise. Ce n'est cependant qu'en 1699 que son exploit est mis sur papier, alors qu'elle écrit une demande de pension royale à Madame de Maurepas, femme du Ministre de la Marine responsable des colonies. Le récit sera corroboré entre autre par l’intendant Jean Bochard de Champigny auprès du Ministre de la Marine en 1700. L'histoire de Madeleine se lit comme suit:



Le hasard a fait que me trouvant à l’âge de quatorze ans environ, à quatre cents pas du Fort de Verchères qui est à mon père, à huit lieues de Montréal, dans lequel il n’y avait qu’un seul soldat en faction, les Iroquois qui étaient cachés aux environs dans les buissons, firent tout-à-coup une irruption sur tous nos habitants dont ils enlevèrent une vingtaine. Je fus poursuivie par un Iroquois jusqu’aux portes, mais, comme je conservais dans ce fatal moment le peu d’assurance dont une fille est capable et peut être armée, je lui laissai entre les mains mon mouchoir de col et je fermai la porte sur moi en criant aux armes et sans m’arrêter aux gémissements de plusieurs femmes désolées de voir enlever leurs maris, je montai sur le bastion où était la sentinelle.

Vous dirais-je, Madame, que je me métamorphosai pour lors en mettant le chapeau du soldat sur ma tête et que faisant plusieurs petits mouvements pour donner à connaître qu’il y avait beaucoup de monde, quoiqu’il n’y eut que ce soldat, je chargeai moi-même un canon de quatre livres de balles que je tirai sur eux. Ce coup si précipité eut heureusement tout le succès que je pouvais attendre pour avertir les forts voisins de se tenir sur leurs gardes, crainte que les Iroquois fissent les mêmes coups.


En 1706, Madeleine épouse le lieutenant Pierre-Thomas Tarieu de la Naudière, sieur de la Pérade, et quitte Verchères pour Sainte-Anne-de-la-Pérade. En 1732, elle met par écrit une seconde version, beaucoup plus étoffée et spectaculaire de son récit adressée cette fois au gouverneur de la Nouvelle-France, Charles de Beauharnois de La Boische. Dans cette version le siège dure huit jours et Madeleine est aidée dans ses exploits par une galerie de personnages, dont ses deux jeunes frères, un ex-soldat alcoolique de 85 ans et la famille Fontaine composée de Pierre, sa femme et leurs deux enfants. Ensemble, ils repoussent les attaques de 45 Iroquois. Madeleine prend le commandement du fort, arme femmes et enfants de mousquets, fait plusieurs allers-retours à l’extérieur pour sauver la famille Fontaine, du bétail et même de la lessive. Au huitième jour, un fort détachement de la milice française parti de Montréal mené par l’officier De La Monnerie vient à leur rescousse. Madeleine l’accueille et lui remets les armes mais celui-ci lui remets en disant : « Elles sont en bonnes mains! » Madeleine aurait répondu : « Meilleures que vous croyez! »

Par le fait qu’à cette époque, plus aucun témoin des faits à part Madeleine n’est vivant, personne ne peut contredire les affirmations faites par cette dernière dans cette version du récit. Bien que ce ne sera pas demandé spécifiquement, la lettre avait comme but une augmentation de la pension reçue par Madeleine.

Elle aura par la suite, au cours de sa vie, l’occasion de sauver la peau de son mari à deux reprises contre l’attaque des Amérindiens. Selon un récit de sa petite fille Marguerite de la Naudière, elle aurait défendu le manoir de La Pérade alors que son mari était malade au lit. L'ennemi veut alors s’emparer des lieux mais elle les fait fuir armée de deux fusils qu’elle tire successivement. Cette menace écartée, elle est avertie par l’une de ses servantes que le toit est en feu. Elle sort alors à bout de bras son mari trop faible pour se hisser du lit. Alors qu'elle s’évanouit à ses côtés, une pluie éclate et éteint l'incendie.

C'est ainsi qu'est née la légende. Des récits semblables étaient fréquents à l'époque des premiers colons, comme celui de Françoise-Marie Jacquelin, dite Madame La Tour, qui défendit les siens lors de la guerre civile Acadienne en 1645 et celui de Marie-Anne de Saint-Ours, qui à 16 ans sauva ses frères et sœurs des Iroquois en 1691. Le récit de Madeleine marqua cependant l’imaginaire par sa transgression des rôles masculins/féminins tels qu’acceptés dans la société de l’époque. C’est l’absence du père qui pousse Madeleine (symbole de jeunesse et de virginité) à défendre son corps, son fort, sa patrie.

À l'époque, adopter un costume et un rôle d’homme pouvait être bien vu pour une durée temporaire dans des circonstances extraordinaires, mais pas dans la vie de tous les jours. Sa figure de guerrière amazone devenu un symbole pour les mouvements féministes, certains historiens mirent au grand jour certains aspects plus sombres de Madeleine de Verchères. Outre le fait qu'elle ait possiblement créée de toute pièce certains des aspects de son mythe, on aurait également découvert qu'elle serait la première en Nouvelle-France à acheter un esclave par contrat notarié le 15 juin 1709, un Amérindien du nom de Pascal, et en aurait possédée jusqu’à 13. L’un d'eux s’évada en 1734 mais est rattrapé et dit être battu par ses maîtres. Madeleine fut également considérée comme femme aux mœurs légères. Devenue le sujet de chansons grivoises, elle en poursuit l'auteur en 1730 pour diffamation. Il s'agit de Gervais Lefebvre, abbé de Batiscan!

Décédée le 8 août 1747 à l'âge de 69 ans, la mémoire de Madeleine sera préservée par une statue de Louis-Philippe Hébert inaugurée en 1913 sur les rives du Saint-Laurent à Verchères, considéré comme le plus gros bronze au Canada.

Ses exploits seront également le sujet de l'un des premiers long-métrages québécois en 1922. Son image sera par la suite utilisée pour favoriser le recrutement féminin lors de la Seconde Guerre mondiale ainsi que par le camp du Oui lors du référendum de 1980.

Les exploits de nos jeunes héros modernes passeront-ils le test du temps? Auront-ils une statue à leur mémoire dans 300 ans? Il n'est jamais trop tard pour créer de nouvelles légendes...